Du 13 octobre 2024 au 12 janvier 2025, Les Phalènes, exposition collective avec Io Burgard, Luisanna González Quattrini, Maude Léonard-Contant, Vasilis Papageorgiou, Marie Raffn, Margaret Salmon, Ernesto Sartori et Lucille Uhlrich, sur un commissariat de Richard Neyroud.
Le vernissage aura lieu le 13 octobre 2024 à partir de 11h30. À cette occasion, une navette gratuite partira depuis Bâle. Départ à 11h depuis Meret Oppenheim Strasse, en face du skatepark, perpendiculaire à Solothurnerstrasse. Retour à Bâle à 14h30. Réservation auprès de Sarah Menu: s.menu@cracalsace.com.
Lire à hautes voix La Mort de la phalène un soir de fin d’été au bord des Étangs Nérac*; commencer la lecture par ces mots «Les phalènes que l’on voit voler dans la lumière du jour sont improprement appelées phalènes»**; se plonger dans la rythmique et les accents composés des multiples voix des lecteur·rices réuni·es pour cette lecture collective; puis relire pour soi Les Vagues tout en apprenant le premier titre donné par Virginia Woolf à son projet d’écriture, Les Phalènes ainsi annoncées dans son journal: «Les phalènes vont, je crois, remplir le squelette que j’évoquai: l’idée du poème-pièce: d’un courant continu, pas seulement la pensée mais aussi le bateau, la nuit, etc., le tout d’une seule coulée: interrompue par l’arrivée de brillantes phalènes»***.
Le ressac se fait entendre au loin; la phalène cogne contre la vitre; il nous semble percevoir un mouvement de vagues à la surface des étangs. Dans cette exposition, les artistes et leurs œuvres convoquent librement Les Vagues et se saisissent de cette double dimension d’un roman à deux visages, Les Phalènes—Les Vagues, comme les deux revers d’une pièce de monnaie. Les flux de pensées vont et viennent, s’entrechoquent dans un courant continu, celui de la mer, de l’eau et de l’irrévocabilité du temps. C’est alors que: «La nuit s’ouvre, traversée de phalènes errantes.»****
Les phalènes, ce sont tout autant les voix des six personnages qui peuplent Les Vagues projetés dans l’exposition—Bernard, Susan, Rhoda, Neville, Jinny et Louis—que les subjectivités qui s’expriment à travers les œuvres. Que ce soit à travers le prisme de la fascination des eaux, de la disparition des corps, des macaques de Gibraltar, ou d’une phalène qui s’élance contre la dureté d’une vitre, l’exposition se déploie dans les espaces du centre d’art dans un mouvement de flux et de reflux où les voix de Virginia Woolf se font entendre: «Après avoir parlé de Bernard, Neville, Jinny, Susan, Rhoda et Louis, je me demande, «Qui suis-je?» Eux tous? Un seul, distinct? Je ne sais pas. Nous étions ensemble. [...] Il n’y a pas de division entre eux et moi.»*****
—Richard Neyroud, septembre 2024.
* Lecture collective de La Mort de la phalène (1942) de Virginia Woolf, organisée par l’équipe du CRAC Alsace le 4 septembre 2024, à l'observatoire ornithologique aux Étangs Nérac à Altenach.
** Virginia Woolf, La Mort de la phalène (1942), traduction de Marie Picard, éd. Sillage, 2012.
*** The Diary of Virginia Woolf (Vol. 3) [Le journal de Virginia Woolf (Vol.3)], 18 juin 1927.
**** Virginia Woolf, Les Vagues (1931), traduction par Cécile Wajsbrot, éd. Le Bruit du temps, 2020, p. 269.
***** Ibid., p. 174.
L’exposition reçoit le soutien de la Danish Arts Foundation.