Studies for a Minor History of Trembling Matter était présenté au CRAC Alsace au sein de l’exposition Le jour des esprits est notre nuit (2019). Tourné dans la ville de Palmelo (Goiás, Brésil), le film suit deux médiums du nom de Divino et Lázaro, dont on peut entendre les voix tout au long du film, entre vie quotidienne et rassemblements collectifs.

L’artiste Candice Lin, qui a écrit sur l’œuvre dans une critique approfondie pour le magazine X-TRA (2018), décrit ainsi la spécificité du contexte du film: “Palmelo fut fondé en 1929 par un homme nommé Gervasio. Un groupe de dix-huit personnes, dont les descendants de Gervasio, créèrent un groupe de recherche spirite, Luz da Verdade, qui devint plus tard un centre spirite et un sanatorium dont le but était de guérir les patients grâce à un travail énergétique connu sous le nom de Chaîne Magnétique. La majorité des habitants de Palmelo sont des médiums spirites, et beaucoup d’entre eux travaillent dans la fonction publique.» Il est important de noter que le spiritisme fut codifié par le pédagogue français Allan Kardec, qui a définit les canaux de communication avec le monde des esprits. Le film observe la triangulation entre collectivité, spiritualité et santé chez les médiums de Palmelo, nous permettant de discerner les traces d’une «histoire mineure», c’est-à-dire les nombreux éléments qui constituent le sous-texte de la modernité. Comme le note Lin, la caméra est aussi bien attentive à la Caesalpinia pulcherrima, une plante associée à des pratiques médicinales subalternes, qu’à un chromo représentant Saint Lazare, personnage biblique qui évoque la maladie et la guérison, dont les influences partagées sont ressenties chez les personnes figurant à l’écran.

Dans un fort contraste avec notre système de santé poussé à bout par la pandémie, les protagonistes du film se tiennent la main durant une Chaîne Magnétique, un intense acte de guérison collective qui semble dorénavant impossible, et pourtant si nécessaire.

Nous remercions les artistes de nous permettre de diffuser le film une seconde fois.

Thomas Patier