Le vendredi 10 juillet 2015, à la tombée de la nuit, La performance des Saint-Simoniens par Matteo Rubbi, Louise Hervé & Chloé Maillet, avec la participation d'Anouk Moyaux, Lucie Castel, Laura Burrucoa, Gabriel De la Roche, Gabriel Jeanjean, Simon Marini, Charlotte Cherici, Eric Kinny, Fériel Djenidi, Maud Gourdon, dans un champ situé rue des Potiers, Aspach.
Louise Hervé & Chloé Maillet présentent une première version du film Spectacles sans objet dans l'exposition Bonne chance pour vos tentatives naturelles, combinées, attractives et véridiques en deux expositions. Ce film sera augmenté d'un nouveau chapitre, intitulé La Performance des saint-simoniens, réalisé en collaboration avec l'artiste Matteo Rubbi qui est invité à recréer sa performance Sistema Solare à Aspach—performance pour laquelle il convie des groupes de volontaires à prendre la place des planètes du système solaire et à accorder leurs mouvements à ceux de la terre et des astres.
Pour cette recréation particulière, Matteo Rubbi, Louise Hervé et Chloé Maillet travaillent avec un groupe d'étudiants et de jeunes artistes issus de la HEAR (Haute Ecole des Arts du Rhin), à partir d'un contexte historique précis, celui des saint-simoniens qui avaient imaginé un dispositif comparable dans les années 1830 afin de mettre en relation le peuple et les étoiles. Ils élaborent ensemble un autre système solaire, utopique, loin dans le temps et dans l'espace, dans lequel les mouvements des planètes comme les relations entre les hommes seraient différents—travail qui donne lieu à une performance collective qui sera documentée et intégrée au nouveau film Spectacles sans objet.
«Si Jean-Jacques Rousseau est hostile au théâtre, comme il l’écrit dans sa Lettre à d’Alembert, il ne refuse pas pour autant toute forme de spectacle en République. Mais il doit s’agir d’un spectacle sans objet, sans public, ou plutôt dans lequel les spectateurs sont acteurs eux-mêmes. En bref, une forme de performance participative», expliquent Louise Hervé et Chloé Maillet.
La notion de participation du public est également une des questions centrales de leur film Spectacles sans objet—film qui se construit autour d'une série de performances qui émettent l'hypothèse d'une origine révolutionnaire de la pratique de la performance participative. Ce film est en effet basé sur des recherches autour de plusieurs lieux liés à l’histoire des communautés utopiques, de cités industrielles, de l’histoire de l’interdiction du théâtre au Royaume-Uni ou encore de fêtes révolutionnaires. Louise Hervé et Chloé Maillet se sont notamment intéressées aux «performances industrialistes» mises en place par les saint-simoniens: «Un dimanche de 1830, à Ménilmontant près de Paris, une trentaine d’hommes en costume tricolore, pantalon, gilet blanc boutonné dans le dos et manteau bleu, sont affairés à nettoyer la vaisselle, raccommoder des boutons, cirer des souliers. Ils sont en plein air, au milieu d’un grand jardin, installés sur une estrade : une foule nombreuse s’est rassemblée pour les regarder. Les hommes en costume entonnent parfois un refrain, qui est repris en chœur par le public. Ils sont presque tous ingénieurs, leur vision du futur est une société industrialiste, fondée sur le progrès et l’égalité. C’est une performance ouverte à tous, dont le but est politique : les saint-simoniens veulent montrer à tous la société de demain. Ils mettent en scène un monde où se reconfigurent le masculin et le féminin, les hiérarchies sociales, ainsi que la notion d’art. Nous sommes aux prémisses de la définition de l’art social, et cet art ce devait être la performance, chantée, agie, parlée.»